Carte chance

Carte chance

Septembre 2001. Alors que le monde entrait dans une nouvelle ère, j’entrais au collège.

Juste là, même si j’étais déjà pas à l’aise avec les gens, ça allait : je côtoyais les mêmes personnes depuis l’école maternelle, soit depuis toujours de mon point de vue. Même sans sympathiser avec, j’étais au moins en terrain connu. Mais en entrant au collège, ça change : nouvel endroit, plus grand, plus de monde, quasiment aucune tête connue.

Même en étant très solitaire, il me faut au moins un point de repère, un endroit connu, un personne de confiance (c’est ce qui fait que je suis incapable de voyager, par exemple). Là, rien et après quelques jours, je suis déjà sur le point de m’écrouler.

Heureusement, mon professeur principal l’a repéré, vient me voir à la fin d’un cours pour me parler un peu et me donne ça.

Petit rappel de contexte : en 1999, Pokémon Rouge et Bleu sont arrivés en Europe, avec tout l’emballement qui a suivi et qui a fonctionné sur pas mal de gens de ma génération, dont moi. Quelques concurrents sont apparus, dont Digimon. Que j’ai jamais pu blairer, le voyant comme une copie de Pokémon.

Tout ça pour dire que cette carte ne possède aucune valeur à mes yeux : cadeau bonus venant d’une boîte de Vache qui rit, sur une licence que j’exècre… Mais j’y vois une forme de confiance que me donne ce prof.

À partir de là, je n’accorde de l’importance qu’aux cours et ça va mieux. Je passe tout mon temps seul et je ne me risque pas à sociabiliser mais ça va. Et ça restera comme ça jusqu’à la fin de mes études et c’est même toujours le cas actuellement, à quelques exceptions près.

Par contre, déjà que j’étais pas très à l’aise à l’oral, ça ne s’est pas amélioré par la suite. Je crois que ça m’a été indiqué deux ou trois fois dans mes bulletins…

Lecture science #16 : Les théories scientifiques – 23 théories expliquées

Lecture science #16 : Les théories scientifiques – 23 théories expliquées

Cette semaine : Les théories scientifiques – 23 théories expliquées

Voici quelque chose que j’ai trouvé il y a quelques temps chez un buraliste. Prétendre présenter des théories attire forcément mon regard, je me suis donc laissé tenter.

Dès l’introduction, il y a un truc qui me titille : il en manque. Il est ainsi mentionné que la théorie de l’évolution de Darwin n’est pas présente. En regardant le sommaire, on remarque qu’il manque des théories marquantes (l’atome, la maîtrise du nucléaire…) et que certaines sont présentes alors qu’on ne s’y attendrait pas (l’optique géométrique, la classification de Linné…). Rajoutons des catégorisations étranges (en quatre catégories : physique, astrophysique, chimie et biologie) : pourquoi mettre la relativité générale d’Einstein en physique et la théorie de la gravitation de Newton en astrophysique ?

Concernant le contenu, chaque théorie est présentée en quatre pages, dont une d’illustration. Ce qui fait très court : il y a juste de quoi présenter la théorie, sans pouvoir parler de ses implications. Premier exemple qui me vient en tête : l’impact de la thermodynamique sur la conception des moteurs. Et évidemment, en étant si bref, il y a des cas où le texte manque de clarté.

Et il y a quelques jours, j’ai vu dans les rayonnages un magazine similaire, avec le même titre mais des théories différentes. Ce qui ne fait que renforcer l’impression mitigée laissée, avec un ouvrage qui ne va pas au bout des choses… Mais ça m’a donné envie de trouver et lire un bon bouquin qui présenterait les principales théories scientifiques, pas dans le détail mais en approfondissant suffisamment pour les comprendre simplement et en ayant conscience de leur implication dans l’histoire des sciences et l’Histoire tout court.

 

À suivre : À la recherche du boson de Higgs de Christophe Grojean et Laurent Vacavant

Bon retour à bord de la Terre, Thomas Pesquet

Bon retour à bord de la Terre, Thomas Pesquet

Voilà, après presque 200 jours à bord de l’ISS, Thomas Pesquet est revenu sur Terre hier. Pendant ces un peu plus de six mois, il nous a abreuvé de photos, de vidéos et d’interactions avec l’espace (non, j’ai pas du tout les boules de pas avoir pu participer aux concours pour les jeunes parce que j’ai 26 ans et que la limite d’âge était à 25…).

Vous savez qui est le précédent Français a avoir été dans l’espace ? Sans tricher ! C’est Léopold Eyharts ; son dernier séjour date de 2008. C’est une lointaine époque, où YouTube et les réseaux sociaux étaient encore balbutiants. Cette fois-ci, on a pu suivre la mission Proxima quasiment en temps réel et au cœur de la station. Et forcément, ça touche un paquet de monde (allez voir le nombre de followers de Thomas Pesquet), qui se retrouve d’un coup intéressé par ce qui se passe dans l’espace.

Du coup, à ma très modeste échelle, j’ai essayé de creuser le filon : «Hé, t’as vu, y a l’ISS qui passe dans le ciel. Et le point brillant à côté, c’est Jupiter.». Et je me suis rendu compte qu’il y avait du boulot. Perso, quand on me montre ça :

«Oui, c’est de moi…» (J. S. Bach)

je reconnais immédiatement Jupiter, la Grande Tâche Rouge et les satellites galiléens qui tournent autour. Alors, quand quelqu’un me dit «Qu’est ce que c’est ?», ça me fait un peu mal au cœur… Mais si au moins, ça a donné un peu envie aux gens de lever les yeux vers le ciel (et aussi vers la Terre), c’est déjà ça :).

Et pour finir, une petite pensée pour Thomas : en attendant un futur voyage, peut-être plus lointain que l’ISS, il va désormais être (encore plus) le VRP de l’aérospatiale en France ; bon courage 😀 !

Nolife a 10 ans

Nolife a 10 ans

Dans quelques heures au moment où cet article est posté, Nolife fêtera son dixième anniversaire.

Je n’arrive même pas à évaluer l’impact qu’a eu la chaîne sur ma vie tellement cet influence est importante.

J’écris juste à côté de l’étagère qui contient la plupart de mes livres, DVD et jeux vidéo et si j’en retirais tout ce que j’ai connu plus ou moins directement grâce à Nolife, celle-ci se retrouverait vide à au moins 80%.

Si je suis parti faire de l’informatique après ma prépa au lieu de logiquement partir en licence de maths, c’est peut-être à cause de Compiler.

Les rares fois où j’ai osé sortir de chez moi, c’est pour des évènements en lien avec Nolife.

Les quelques personnes (OK, les deux personnes (je suis vraiment pas très sociable)) que je connais (il m’arrive même de discuter avec elles (dingue)), je les ai connues via Nolife.

Nolife me rappelle constamment que la passion c’est bon, alors que mon environnement a l’horrible insistance de vouloir me ramener au conformisme, au culte de l’apparence, à la vacuité.

Nolife, je la regarde parce qu’elle traite de sujets que j’apprécie mais je la soutiendrais même si elle parlait de couture et de cordonnerie avec ce ton et cette passion.

Nolife, c’est deux personnes qui ont eu une idée complètement folle et qui se sont acharnées à lui donner vie, et ça donne envie de faire de même.

Je n’arrive pas à évaluer l’impact qu’a eu la chaîne sur ma vie mais ce que je peux dire, c’est que sans Nolife, ma vie serait bien plus morne.

Joyeux anniversaire Nolife et merci pour tout !

Mission CRST

Mission CRST

Voilà une idée que j’avais en tête depuis un long moment, que j’ai développée sur un peu plus d’un an et qui voit finalement le jour aujourd’hui : Mission CRST.

L’idée originale était de présenter diverses curiosités, principalement scientifiques vu mon profil mais pas que. L’écrit aurait été sympa mais je m’imaginais quelque chose de plus évolué, la vidéo est proscrite parce que je supporterais pas de me voir ou de m’entendre, je ne voyais donc pas trop quel format adopter… Jusqu’à ce que je découvre une bibliothèque JavaScript permettant d’animer simplement des éléments HTML : je m’imaginais alors réaliser des animations dans une page web.

Une fois que la faisabilité semblait acquise, le concept global a commencé à germer petit à petit.

  • Le format s’est rapidement dirigé vers du court, environ 2 ou 3 minutes. Déjà parce que j’aime pas tellement les présentations au long court et je leur préfère les prestations plus brèves (citons en exemple La minute du geek). Et aussi pour pas avoir à créer des animations trop complexes. Puis sachant que, de toute façon, je ne pourrais pas être exhaustif sur chaque sujet, l’objectif est alors de titiller la curiosité du spectateur pour l’inciter à aller chercher plus d’informations sur le sujet concerné.
  • L’habillage : bien évidemment, en disant le mot curiosité, ça me fait penser à Curiosity, le rover explorant Mars. Curiosity a donc été le premier nom de code du projet, abrégé en CRST pour des besoins pratiques et qui est finalement resté. J’imaginais alors un rover se déplaçant sur une carte servant de menu pour accéder aux divers épisodes, mais tout cela était au delà de mes compétences graphiques. Je me suis donc contenté d’un thème orangé, comme la surface de Mars, éclairé par la lumière jaune du robot.
  • La présentation des animations : outre l’animation, je me suis souvenu d’un documentaire que j’ai vu il y a maintenant quelques années sur Internet, Happy World : Birmanie, la dictature de l’absurde. L’une de ses particularités est que, en même temps que la vidéo est lue, différents liens sont affichés sur le côté, de manière synchronisée. C’est de là que vient le découpage en deux parties : l’animation à gauche et des liens apparaissant sur la droite, en rapport avec ce qui est évoqué quand ils apparaissent et qui serviront de point de départ à une éventuelle exploration plus poussée.
  • Les sujets : c’est à ce moment de ma réflexion que j’ai également commencé à chercher des idées de sujet, avec une méthodologie très simple : une note créée sur mon téléphone et à chaque fois que je vois quelque chose qui pourrait être un potentiel sujet d’exploration, je la note. J’en suis actuellement à plus de 70 items dans ma liste : pas sûr que tous soient suffisamment conséquents pour faire un épisode, mais j’ai au moins un peu de réserve.

Et à ce moment-là, gros problème : je sais que je n’arriverais pas à avoir ce que j’ai en tête, du coup le développement ne démarre pas. Finalement, j’arrive à enclencher les choses fin avril 2016. S’en suit un développement en plusieurs phases, avec quelques jours ou semaines avec de grosses avancées, puis plus rien pendant un moment, et ainsi de suite… Comme prévu, je manque de skill en design, en graphisme, en musique, en son mais je veux quand même avoir une première version. Du coup, je me débrouille avec un logiciel de synthèse vocale qui sonne un peu vieillot, un design ultra basique et une musique en Creative Commons choisie au dernier moment : ça sera amené à évoluer dès que j’aurais les moyens de faire autrement mais pour l’instant, ça fera l’affaire. Comme pour mes autres projets persos, j’en profite aussi pour m’essayer sur quelque chose de nouveau : cette fois-ci, il s’agit de gestion de réseaux sociaux; Mission CRST se retrouve donc avec des pages Facebook et Twitter.

Mais voici donc une première version de Mission CRST disponible aujourd’hui, largement perfectible mais qui présente tout de même le concept. Il y a encore un peu de développement à réaliser, notamment pour pouvoir ajouter des éléments interactifs aux animations. Mais surtout, il y a les expéditions suivantes à créer ! Je ne me fixe pas de rythme de parution mais je vais essayer d’en sortir plusieurs assez rapidement au début, pour avoir un aperçu assez large de ce que peut donner le concept en vrai. N’hésitez pas à faire des commentaires ou des remarques, en espérant que ces quelques épisodes puissent éveiller votre curiosité :).

Lecture science #15 : The Simpsons and their mathematical secrets

Lecture science #15 : The Simpsons and their mathematical secrets

Cette semaine : The Simpsons and their mathematical secrets de Simon Singh.

On retourne au doux pays des mathématiques à travers un prisme qui peut paraître étrange : les Simpson. Il se trouve que pas mal de scénaristes de la série créée par Matt Groening sont des nerds. Et plus précisément des nerds avec des doctorats en mathématiques ou en sciences, qui se sont finalement retrouvés à écrire de la comédie. Ce qui explique donc qu’on se retrouve, dans les premiers épisodes des Simpson, avec des nombres et autres easter-eggs mathématiques cachés quasi-subliminalement à l’image. Avant que les maths n’apparaissent au grand jour, avec parfois des épisodes basés en partie sur des concepts mathématiques. Et quand Groening a pu créer une série de science-fiction, Futurama, c’est devenu encore pire.

The Simpsons and their mathematical secrets expose donc quelques références mathématiques présentes dans Les Simpson et Futurama. Celles-ci permettent à la fois d’explorer le cursus des scénaristes et de découvrir quelques curiosités mathématiques, avec en bonus quelques blagues mathématiques. L’ouvrage est relativement simple d’accès mais en anglais, ce qui pourrait refroidir ceux qui n’ont jamais exploré les maths dans cette langue.

Pour en voir plus sur le sujet : l’auteur de livre, Simon Singh, a également participé à plusieurs vidéos de Numberphile revenant sur les mathématiques dans Les Simpson et Futurama.

 

À suivre la semaine prochaine : Les théories scientifiques – 23 théories expliquées.

Top 10 de mes égalités mathématiques préférées (la cinquième va vous étonner)

Top 10 de mes égalités mathématiques préférées (la cinquième va vous étonner)

Quoi, comment ça, ça fait putaclic ? :p S’il faut ça pour intéresser aux maths, ça vaut le coup ^^.

10. `0,9999…=1`

Allez, on commence en jouant avec des infinis, tranquille. La démo peut se faire simplement et rapidement : posons `x=0,9999…`, on a alors `10x=9,9999…`, `9x=10x-x=9,9999…-0,9999…=9` et donc `x=1`. De manière plus sérieuse, `0,9999…` est égale à la somme des termes de la suite géométrique de premier terme `0,9` et de raison `0,1` et vaut donc `0.9/(1-0.1)=1`.

9. `3^2+4^2=5^2`

Le premier triplet pythagoricien, `(3, 4, 5)`, qui est tellement pratique pour tracer facilement un triangle rectangle. La vie serait énormément plus dure s’il n’existait pas un tel triplet aussi simple.

8. `sum_(n=0)^oo 1/2^n=2`

La somme infinie qui a fait cauchemarder les Grecs de l’Antiquité, en particulier Zénon d’Élée, auteur du paradoxe d’Achille et de la tortue. Le valeureux Achille défie une tortue, deux fois plus lente que lui, à la course. Magnanime, il donne à l’animal de l’avance, en ne lui laissant que la moitié de la distance totale à parcourir. La course démarre, Achille atteint rapidement le point de départ de la tortue mais, entretemps, celle-ci a avancé. Quand Achille atteint ce point, la tortue est un peu plus loin. Et ainsi de suite, ce qui fait qu’Achille ne parvient jamais à rattraper la tortue…
La paradoxe est levée dès qu’on ose tripoter la somme infinie : soit `S=sum_(n=0)^oo 1/2^n`. En extrayant le premier terme de la somme, on obtient `S=1+sum_(n=1)^oo 1/2^n`. Or, cette dernière somme correspond à `1/2+1/4+1/8+…` : en prenant les termes dans leur ordre d’apparition, chaque terme est égal à la moitié du terme correspondant dans `S=1+1/2+1/4+…`; cette somme est donc égale à `S/2`. Notre équation se simplifie donc en `S=1+S/2`, qui permet d’obtenir rapidement `S=2` : Achille rattrape donc la tortue sur la ligne, à la suite d’une infinité d’étapes donnant un résultat fini.

7. `1+1/(1+1/(1+1/(1+…)))=sqrt(1+sqrt(1+sqrt(1+…)))`

Une célébrité se cache dans cette égalité : il s’agit de `varphi`, le nombre d’or, égal à `(1+sqrt(5))/2`. Dans ce qui nous intéresse ici, `varphi` est le nombre positif dont le carré est égal à lui-même plus un et est donc solution de l’équation `x^2=x+1`. Ce qui nous donne plusieurs possibilités de triturages en partant de `varphi^2=varphi+1`.
En divisant par `varphi`, on obtient `varphi=1+1/varphi`. On remplace le `varphi` dans le terme de droite par le terme de droite en entier, ce qui donne `varphi=1+1/(1+1/varphi)`. On peut ensuite continuer à volonté, pour obtenir `varphi=1+1/(1+1/(1+1/(1+…)))`.
Deuxième option : on passe les deux termes de l’équation à la racine carrée, ce qui donne `varphi=sqrt(1+varphi)`. Le même procédé qu’au dessus, nous donne `varphi=sqrt(1+sqrt(1+sqrt(1+…)))`.

6. `(x-a)(x-b)(x-c)…(x-z)=0`

Parce qu’on peut se prêter à la galéjade de temps en temps 😀 .

5. `sum_(n=1)^oo n=-1/12`

Celle-là, elle laisse rarement indifférent, entre ceux qui connaissent et la sortent souvent et ceux qui ne connaissent pas et se demandent comment c’est possible. Déjà, disclaimer : oui, la somme est clairement divergente, aucun souci là dessus. Mais si jamais on veut attribuer une valeur finie à cette somme, il y a plusieurs moyens de trouver `-1/12`; en voici un pas trop compliqué.
Soit `A=1-1+1-1+1-1+…`. On a `A=1-(1-1+1-…)=1-A` et donc `A=1/2`. Posons maintenant `B=1-2+3-4+…`. On lui rajoute une seconde fois B, en faisant la somme terme à terme mais en décalant d’un cran : `2B=1+(-2+1)+(3-2)+(-4+3)+…`. En réduisant, on obtient `2B=1-1+1-1+…=A=1/2` et donc `B=1/4`.
En notant `S` notre somme finale, on calcule `S-B=(1-1)+(2-(-2))+(3-3)+(4-(-4))+…=4+8+…`. Ce qui donne `S-B=4xx(1+2+…)=4S`, d’où on tire `S=-B/3=-1/12`.

4. `e^(ipi)+1=0`

Un classique, connue comme étant la plus belle formule du monde, qui a comme particularité de réunir en une égalité les trois principales opérations arithmétiques (l’addition, la multiplication et l’exponentiation) et cinq des nombres les plus renommés des mathématiques :

  • `0`, élément neutre de l’addition et élément absorbant de la multiplication;
  • `1`, élément neutre de la multiplication;
  • `pi`, que je ne vais pas faire l’affront de présenter, lié à la géométrie;
  • `e`, base du logarithme;
  • `i`, unité des nombres imaginaires.

3. `sum_(i=0)^n i^3=(sum_(i=0)^n i)^2`

J’adore le fait que les carrés et les cubes soient liés comme ça. En plus, la démonstration est pas compliquée et se fait par récurrence, du coup je me la refais de temps en temps, dont acte.
Après avoir trivialement vérifié l’égalité pour `n=0`, soit `n in NN` tel que `sum_(i=0)^n i^3=(sum_(i=0)^n i)^2` et regardons ce qu’on obtient pour `n+1`.
`(sum_(i=0)^(n+1) i)^2=((n+1) + sum_(i=0)^(n) i)^2=(sum_(i=0)^n i)^2 + 2(n+1)sum_(i=0)^n i + (n+1)^2`.
`(sum_(i=0)^(n+1) i)^2=sum_(i=0)^n i^3 + 2(n+1)((n(n+1))/2) + (n+1)^2=sum_(i=0)^n i^3 + (n+1)^2(n+1)`.
`(sum_(i=0)^(n+1) i)^2=sum_(i=0)^n i^3 + (n+1)^3=sum_(i=0)^(n+1) i^3`.
Par les pouvoirs qui me sont conférés par le raisonnement par récurrence, je déclare l’égalité vraie `AAn in NN`.

2. `9^3+10^3=1^3+12^3`

Le nombre en question est 1729, aussi connu sous le nom de Taxicab(2), désignant ainsi le fait qu’il s’agit du plus petit nombre pouvant être écrit comme somme de deux cubes de deux manières différentes. Le nom de taxicab vient d’une anecdote impliquant Hardy, rendant visite à son collègue Ramanujan, alité à l’hôpital. Pour entamer la conversation, il lui dit qu’il était venu à bord du taxicab n°1729, un nombre bien peu intéressant. Ramanujan lui répliqua qu’il s’agissait au contraire d’un nombre très intéressant, le plus petit s’écrivant comme deux sommes de deux cubes.

1. `sum_(n=1)^oo 1/(n^2)=pi^2/6`

Je m’abstiendrais de faire une démonstration ici, bien plus complexe que celles qui ont été faites dans cet article. Mais ce que je trouve fascinant dans cette égalité, c’est l’unification des mathématiques (en tout cas d’une partie) qu’elle représente.
Le premier terme est une somme contenant l’ensemble des entiers naturels, représentants de l’arithmétique. Le second terme est lié à `pi`, constante liée au cercle et à la géométrie. On se retrouve donc avec une équation simple et élégante liant l’arithmétique et la géométrie, liant `pi` et les entiers naturels, qui ont pourtant l’air si différents.

Candy candy

Candy candy

Il y a maintenant quelques semaines, au cours d’une de mes errances sur les Internets, j’ai vu passer une «recette» de rock candy, plus connu en français sous le nom de sucre candi. Ça avait l’air tellement simple que je suis dit que je pouvais le faire, du coup j’ai tenté ma chance.

Le principe est très simple : créer une solution sursaturée en sucre et y plonger des bâtonnets afin que le sucre cristallise dessus, en ajoutant des colorants afin d’obtenir un joli truc.

Pour la solution sucrée, on fait bouillir de l’eau dans laquelle on fait progressivement dissoudre du sucre. Beaucoup de sucre : il faut environ deux fois plus de sucre que d’eau. C’est là que la théorie vient se heurter à la pratique : il est délicat de déterminer le moment où il faut arrêter d’ajouter du sucre. Trop et l’eau contiendra encore des grains de sucre, autour desquels cristallisera le sucre dissous; pas assez et il n’y aura pas de cristallisation.

Une fois la solution prête, on laisse refroidir, on rajoute les éventuels colorants, on transvase dans des récipients plus adaptés à la cristallisation et le plus propre possible et on prépare les bâtonnets. Il faut faire en sorte que les bâtons ne touchent ni les bords ni le fond du récipient. Dans mon cas, j’ai opté pour des pinces à linge : un peu bancal, mais ça fait l’affaire.

S’en suit un peu de patience : on peut commencer à observer des cristaux après quelques heures mais il faut laisser du temps aux cristaux pour pousser, environ une semaine.

Et voici le résultat me concernant : c’est pas aussi spectaculaire que sur l’image mentionnée précédemment mais c’est déjà joli ^^.

Mercredi après-midi chez mamie

Mercredi après-midi chez mamie

Après-midi du 9 juin 1999. La date a guère d’importance ici et est d’ailleurs un peu aléatoire, la seule chose à remarquer ici étant qu’il s’agisse d’un mercredi. Le moment de la journée a cependant plus d’intérêt : le tantôt, on va goûter chez ma grand-mère après l’école. Sauf que le mercredi, déjà il y a pas école l’après-midi mais en plus, on va, avec ma sœur et ma grand-mère, jusqu’au bureau de tabac situé pas loin. J’en reviens avec le dernier numéro du Journal de Mickey. S’en suit le goûter devant les Minikeums, puis C’est pas sorcier : plus que sur les bancs de l’école, je crois que c’est là que je suis tombé amoureux de la découverte et de la science.

Les fins sont souvent tristes. C’est évidemment totalement logique lorsqu’il s’agit de la disparition d’un être cher. Mais dans tous les cas, je ne peux m’empêcher de me remémorer les bons moments plutôt que les derniers instants. Une fois le choc de la fin encaissé, au lieu de pleurer ce qui ne sera plus, je préfère sourire de ce qui a été.

Ce mercredi après-midi, il n’y a pas eu de Journal de Mickey, pas de goûter, pas de Minikeums, pas de C’est pas sorcier, juste le choc d’une fin. Et même si le choc n’est pas encore absorbé, je ne veux pas pleurer, mais sourire et dire merci.

Lecture science #14 : L’aventure Rosetta – 900 jours sur une comète

Lecture science #14 : L’aventure Rosetta – 900 jours sur une comète

Suite à ma longue virée au pays de la théorie des cordes, j’avais envie d’un peu de calme. Je décida donc de partir à la recherche d’une petite lecture rafraîchissante, pas trop prise de tête. N’ayant rien sous la main, je partis donc à l’exploration dans le magasin culturel le plus proche, où je me dirige vers le petit rayon sciences, coincé entre les essais philosophiques et politiques et les ouvrages historiques. Et là, je l’ai vu.

Les quelques exemplaires présents n’étaient pas placés dans les rayonnages organisés en alcôve mais sur une des tables se situant au milieu de celle-ci, et plutôt bien mis en avant.

Rien que la couverture attire. Je prends un volume en main. Le vernis sélectif et légèrement granuleux appliqué sur la photo donne l’impression de toucher l’objet ; je passe quelques instants à faire courir mes doigts sur les premières et quatrièmes de couvertures. Je me décide enfin à le feuilleter : de magnifiques photos, de grandes infographies, des textes qui font très envie.

Puis je me rappelle être venu chercher une petite lecture. Je me dirige vers le rayonnage après avoir reposé ce bel ouvrage. Sauf qu’il me reste en tête. Mais allons, reste un peu raisonnable, tu pourras le récupérer n’importe quand. Ouais, mais il est là, à portée de main, à portée des yeux. Yeux qui ne peuvent pas transmettre les tranches de livres qu’ils sont en train de parcourir au cerveau, ce dernier pensant à autre chose.

Je suis définitivement bien trop faible par rapport à elle, par rapport à eux. Je me retourne, reprends le volume et quitte le rayon. Un petit détour par le rayon DVD : le documentaire est également disponible, mais j’ai déjà été suffisamment déraisonnable aujourd’hui.

 

Cette semaine : L’aventure Rosetta – 900 jours sur une comète de Cécile Dumas et Jean-Christophe Ribot.

Bon, je vais essayer de pas trop m’emballer, mais je ne peux rien vous promettre. La mission Rosetta est le plus grand accomplissement de l’Humanité. Hmm hmm, j’ai dit il y a deux phrases qu’il fallait que je me calme, dont acte : je modère un peu mes propos et me contente donc de dire que Rosetta est la plus grande mission spatiale depuis Apollo, il y a quasiment un demi-siècle. Au cas où il y en aurait qui ne connaîtraient pas la mission : déjà, sérieusement ? Puis, mais dans quelle putain de grotte vous avez vécu ces dernières années ?? Et enfin, la mission Rosetta est une mission spatiale de l’ESA, l’agence spatiale européenne, dont le but est d’étudier une comète, l’heureuse élue portant le doux nom de 67P/Tchourioumov-Guérassimenko, abrégé en 67P ou Tchouri (ou Tchoury dans l’ouvrage). La mission consiste en l’envoi d’une sonde, Rosetta, qui a pour but de se mettre en orbite autour de la comète afin de l’étudier. Le point d’orgue de la mission est le largage par Rosetta d’un atterrisseur, Philae, sur la comète afin de pouvoir l’étudier in situ, ce qui constitue accessoirement le premier atterrissage en douceur sur une comète.

Comme avec Hubble, l’ouvrage s’ouvre avec le lancement, début 2004, après quelques perturbations. Puis, après quelques explications sur les origines de la mission et sur les comètes, on suit rapidement les premières années de Rosetta, vagabondant dans le système solaire à la recherche de vitesse que lui apportent le Terre et Mars et jetant un œil à quelques astéroïdes de passage, jusqu’à sa mise en hibernation en 2011.

L’épopée reprend en 2014 avec le réveil de la sonde. 67P s’approche et il ne reste alors plus que quelques mois de voyage. Un point lumineux apparaît sur les capteurs de Rosetta, point qui s’agrandira petit à petit au cours de l’été pour révéler un curieux objet à deux lobes.

Une fois Rosetta en place, c’est au tour de Philae d’attirer les projecteurs. Le 12 novembre 2014, Rosetta largue son petit compagnon, qui se laisse tomber vers la comète. Sept heures plus tard, le signal annonçant que Philae a atteint la comète arrive sur Terre. S’en suit cependant un double rebond pour l’atterrisseur, qui n’a pas pu s’agripper à la surface et se retrouve alors dans une zone plus escarpée que prévu et hors de vue de Rosetta. Ne pouvant pas recharger ses batteries, Philae va tout de même enchaîner les expériences pendant trois jours, en transmettant ses résultats à Rosetta, avant de finalement s’endormir.

Cela ne marque pas la fin de la mission, bien au contraire. Rosetta poursuit ses explorations à distance plus ou moins raisonnable de la comète. D’autant plus que Tchouri arrive au plus près du Soleil et dévoile ainsi sa chevelure. Pendant deux ans, Rosetta va ainsi observer la comète sous toutes les coutures, récupérer les poussières qu’elle émet, analyser les molécules qui en proviennent…

Toutes ces données arrivent sur Terre, où les chercheurs vont trouver notamment des molécules inattendues. De quoi élaborer et enrichir des théories sur l’apparition de la vie sur notre planète.

Mais 67P poursuit son parcours sur son orbite, qui l’emmène désormais de plus en plus loin du Soleil. L’énergie s’apprête à manquer pour Rosetta, pour qui il est temps de dire au revoir. Mais pas avant deux dernières fulgurances. La première est le fait d’enfin retrouver Philae à la surface, à quelques jours de la fin de la mission et à quelques pixels du bord de la photo décisive. La seconde est le plongeon final : le 30 septembre 2016, Rosetta se dirige à son tour vers la comète, permettant ainsi d’ultimes mesures et photographies au plus près de la surface.

 

Me concernant, ma relation avec Rosetta date de début 2014 avec son réveil, même s’il est fort probable que j’en ai déjà entendu parler avant. Mon enthousiasme augmente avec la résolution des clichés de la comète nous parvenant. Avec bien évidemment le premier choc marquant : sur tous les objets qui voyagent dans le système solaire, il a fallu qu’on tombe sur un en forme de canard !

12 novembre 2014. C’est un mercredi et, comme chaque mercredi, je passe une partie de l’après-midi chez ma grand-mère. Mais cette fois-ci, j’ai pris mon ordinateur portable avec moi pour suivre l’évènement. Quelques instants après 17 heures, sur le flux vidéo diffusé par l’ESA, les gens sautent de joie et se congratulent : ils l’ont fait. Une petite larme de joie me monte aux yeux.

S’en suivent trois jours hors du temps, à suivre les péripéties d’un petit robot juché sur un caillou se baladant dans l’espace interplanétaire. Trois jours pendant lesquels je n’ai que ça en tête et où j’ai l’impression que le monde n’a que ça en tête. Je sais bien que ce n’est pas le cas mais voir des représentations de Philae en homepage des sites d’info me fait me dire que finalement, les êtres humains ne sont pas si déprimants après tout.

Le pic de la mission est passé mais le voyage de Rosetta continue, avec notamment le passage de 67P à son périhélie. Fort heureusement, l’ESA communique régulièrement sur la mission, histoire d’entretenir continuellement l’intérêt, ce qui marche complètement sur moi.

Début 2016. Alors qu’il est maintenant commun de prendre régulièrement des nouvelles de Rosetta et de Tchouri, je croise la route de Manon Charles. En plus de se hyper mutuellement sur la mission (comme s’il y avait besoin 😀 ), elle me fait découvrir tout le merchandising disponible. Et vu que je suis quelqu’un de faible, je craque, beaucoup. Du coup, maintenant, je suis pauvre mais je suis content ; merci Manon :).

Et alors que tout se déroulait tranquillement, l’ESA annonce la fin de la mission, avec le dernier voyage de Rosetta vers la surface de la comète. Après une grosse bouffée de tristesse, je m’auto-console, comme un parent le ferait quand il annonce à son enfant qu’il doit faire piquer le chien de la famille : c’est pour son bien, il ira mieux après… La nuit du 29 au 30 septembre, je ne dors pas. Je ne peux pas, je ne veux pas. La fatigue me fera tout de même somnoler une heure durant la matinée mais pas de quoi manquer le bouquet final, les photos de plus en plus proches de la surface qui arrivent au fur et à mesure, puis cet affreusement long plan silencieux sur le moniteur montrant le signal nous parvenant de Rosetta, tel un encéphalogramme, et qui finit finalement par disparaître. Cette fois, la larme est de tristesse mais elle s’estompe rapidement, en repensant à cette merveilleuse aventure.

 

Cet ouvrage est le prolongement d’un documentaire d’Arte, L’Odyssée Rosetta, diffusé il y a un mois sur la chaîne franco-allemande et réalisé par les mêmes auteurs que le livre. Ce docu avait connu une version courte qui contait l’historique de la mission jusqu’à l’atterrissage de Philae. Le livre comme le documentaire final vont cependant jusqu’au bout de la mission, avec également la présentation des premiers résultats scientifiques obtenus à partir des éléments envoyés par Rosetta. Le documentaire est visiblement toujours disponible sur le mini-site consacré à la mission sur le site d’Arte. Il est également disponible en DVD et il est pas impossible que j’en reparle prochainement.

 

67P/Tchourioumov-Guérassimenko poursuit quand à elle son voyage elliptique autour du Soleil, dont elle s’éloigne actuellement, avec désormais deux petits voyageurs à bord. Elle devrait à nouveau s’approcher du Soleil fin 2021-début 2022. Si les conditions d’observations sont favorables, mon télescope actuel pourrait me permettre d’observer de mes propres yeux un petit point lumineux qui aura été, est et sera pour toujours source d’émerveillement. (Même si en vrai, j’espère que j’aurai un vaisseau pour aller la voir de plus près ^^.)

 

À suivre la semaine prochaine : The Simpsons and their mathematical secrets de Simon Singh.